Crédit immobilier : les conséquences de la hausse des taux d’emprunt

Avril 2023 : les taux immobiliers poursuivent leur hausse

Le 19/4/2023

Après des niveaux historiquement bas sur plusieurs mois, aux alentours de 1 % début 2022, contre 2,4 % fin 2022, les taux d’intérêt des crédits immobiliers repartent à la hausse depuis le début d’année. Au mois d’avril 2023, suite à la revalorisation mensuelle du taux d’usure, les établissements bancaires sont aussi contraints de suivre la tendance ; ce qui a forcément un impact sur le marché immobilier.

 

Les taux appliqués au mois d’avril 2023

La hausse des taux immobiliers s’applique sur toutes les durées d’emprunt, que ce soit pour les taux du marché que pour les taux mini valables pour les meilleurs dossiers. L’augmentation des barèmes varie d’un établissement bancaire à un autre, à raison de 10 à 50 points de base.

À noter également que la révision des barèmes reste assez évolutive. De plus en plus d’établissements bancaires décident de communiquer leurs taux pour un programme neuf à Rennes par exemple, entre le 10 et le 15 du mois. L'objectif est d’avoir une confirmation des taux pratiqués par la concurrence.

En avril 2023, les taux immobiliers moyens sont de :
  • 2,85 %, avec +25 points de base pour les crédits d’une durée de 7 ans, contre 2,40 % pour les meilleurs taux, soit une hausse de 50 points de base,
  • 2,90 %, avec une hausse de 20 points de base pour les prêts de 10 ans, contre 2,45 % sur les meilleurs taux (+45 points de base),
  • 3,05 % avec 15 points de base sur les crédits immobiliers de 15 ans, contre 2,65 % (+40 points de base) pour les meilleurs taux,
  • 3,15 % sur 20 ans, avec une augmentation de 20 points de base, contre 2,75 % (+20 points de base) pour les meilleurs taux,
  • 3,25 % sur 25 ans, avec une hausse de 15 points de base, contre 2,95 % (+40 points de base) pour les meilleurs taux.


À titre de comparaison, les taux immobiliers moyens appliqués sur les programmes immobiliers étaient de 2,52 % au mois de mars 2023. D’après les estimations des professionnels de l’immobilier, les taux d'emprunt seront encore amenés à augmenter dans les prochains mois.

La BCE a en effet augmenté son taux de refinancement au mois de mars, pour s’établir à 3,50 %, contre 0,50 % en juillet 2022. Pour rattraper le coût de l’argent, de nombreuses banques n’hésitent pas à se positionner sur des taux à -30 ou -50 points de base par rapport au taux d’usure.

 

Un recul de la production de crédit immobilier

La hausse des taux d’emprunt pour l'achat d'un appartement neuf sur plan a bien évidemment des répercussions sur la production de crédit immobilier. Il faut savoir que le crédit immobilier figure parmi les piliers de performance des établissements bancaires durant les dernières décennies. Les taux d’emprunt particulièrement bas, voire à un niveau plancher ont réussi à inciter les Français à concrétiser leurs projets immobiliers.

En début d’année, la production de crédits immobiliers se portait plutôt bien, avant de repartir à la baisse. En un an, entre février 2022 et février 2023, un recul de près de 40 % a été observé. Face à de telles statistiques, les courtiers, les promoteurs immobiliers et les établissements bancaires réclament un assouplissement des conditions d’octroi des crédits.


Les taux immobiliers découragent les porteurs de projet

La hausse des taux d’emprunt a aussi un impact sur l’envie d’achat. De nombreux candidats préfèrent repenser, voire renoncer à leurs projets pour un investissement locatif ou pour une résidence principale. Les nouvelles mesures prises par les autorités comme la révision mensuelle du taux d’usure ainsi que les taux d’emprunt qui s’établissent aux alentours de 2,52 % ont tendance à décourager les porteurs de projet pour un programme neuf à Toulouse par exemple.

Une étude Opinionway pour un réseau d’experts en immobilier affirme en effet que les taux d’emprunt qui repartent à la hausse figurent parmi les principaux obstacles relevés par les investisseurs. Les taux de crédit dépassant inévitablement les 3 % dans les mois à venir poussent les deux tiers des Français (68 %) à abandonner ou à remettre leurs projets de logement neuf à plus tard.

81 % des personnes interrogées estiment même qu’il serait préférable de ne pas concrétiser leur achat. Il faut savoir que l’impact de la flambée des taux est particulièrement important en Île-de-France ; une zone où les prix immobiliers sont historiquement hauts. 75 % des Franciliens candidats à l’achat sont décidés à remettre leurs projets à plus tard.


Les ménages aisés n’ont pas accès au crédit immobilier

Les nouvelles recommandations du Haut Conseil de Stabilité Financière (HCSF) qui fixent le taux d’endettement à 35 % ainsi que la durée des crédits à 25 ans empêchent les ménages aisés à accéder au crédit immobilier.

À titre indicatif, un foyer qui gagne un SMIC à 1 383 € nets peut consacrer 484 € par mois au remboursement de son crédit immobilier et disposer de 899 € pour vivre. En revanche pour un ménage qui gagne 5 532 €, soit 4 SMIC, peut dédier 1 936 € par mois au remboursement d’un prêt immobilier, et avoir 3 596 € pour vivre.

Les emprunteurs ayant des revenus confortables sont donc en mesure d’affecter plus de 35 % de leurs revenus mensuels au remboursement d’un prêt immobilier, tout en gardant son train de vie, et ce, sans risque de surendettement.>